L’écriture est souvent vue comme un don, au travail et ailleurs. Si la fée ne s’est pas penchée sur votre berceau, vous voilà condamné à une production laborieuse et médiocre, là où d’autres chanceux produisent des textes lumineux avec une insolente facilité. Erreur. Comme le disait Queneau, « C’est en écrivant qu’on devient écriveron ». Autrement dit, l’écriture est affaire de pratique. Et, plus encore, affaire de méthode. Voici donc quelques conseils.

Avant : prenez le temps de réfléchir !

Sauf dans un journal intime, on écrit toujours à un ou plusieurs destinataires. Pour être lu et compris, il serait bon de penser à eux ! Que savent-ils déjà ? Qu’attendent-ils ? Qu’est-ce qui les concerne ? Si vous ne savez rien d’eux, renseignez-vous. Si la commande n’est pas claire, demandez des précisions.

Et vous, quel est votre objectif ? Convaincre ? Éclairer une décision ? Enclencher une action ? Rassurer ? Quels sont vos messages-clés ? Dans quel ordre les présenter ? Que voulez-vous que vos lecteurs retiennent, et, le cas échéant, fassent ? Tout cela n’a rien d’original mais soyons honnêtes : cette réflexion préalable passe souvent à l’as.

 

Pendant : ne vous jugez pas !

Avec des fondations solides, le risque de page blanche est moindre. Si vous peinez à démarrer, malgré tout, quelques astuces peuvent débloquer la situation. Rédigez d’abord la partie la plus facile, imaginez que le destinataire est en face de vous et que vous lui parlez … ou reportez l’écriture à un moment plus favorable. Pensez aussi à réunir les conditions matérielles propices à la concentration : alertes désactivées, environnement calme.

Une fois lancé dans l’écriture, rédigez sans trop vous poser de questions. Comme le rappelle l’écrivain Eric Chevillard : « Quand j’écris, je m’expose à mon insatisfaction chronique. Cette voix perfide et sarcastique qui s’élève tout de suite pour se moquer (…), il faut lui tordre le cou, à ce corbeau, si l’on veut écrire. » De fait, si vous jugez la qualité de votre production au fur et à mesure, vous n’avancerez pas.

Un dernier point, dans cette phase de rédaction : attention au copié-collé ! Cette manip peut aider à démarrer et faire gagner du temps. Ou, à l’inverse, en faire perdre si le texte d’origine est trop éloigné de ce que vous devez produire – ou trop mal écrit. Sans oublier le risque de relire trop vite la partie copiée, et d’aboutir à des incohérences ou un résultat décousu.

Après : relisez-vous !

Une page du manuscrit de L’éducation sentimentale, Source : BNF

Si votre V1 est d’une orthographe incertaine ou d’un style pataud, aucune importance : personne n’en saura rien ! Maintenant qu’elle est terminée, vous pouvez la peaufiner à loisir. Pour être efficace, votre relecture doit respecter quelques règles. Laissez reposer votre texte, relisez-le sur papier ou même à voix haute. N’hésitez pas à repasser plusieurs fois, avec des objectifs différents (fluidité du style, orthographe, absence de jargon…). Si les enjeux sont importants, faites relire à une personne de confiance, au regard extérieur irremplaçable. Vous n’êtes pas obligé de faire comme Flaubert, qui a réécrit certaines pages des dizaines de fois. Mais la relecture attentive fait partie intégrante de l’écriture. Et est indispensable pour un bon résultat !