La prise de parole en public est parfois un exercice imposé : une tâche supplémentaire qui vous tombe sur le coin du nez, bref, une corvée. Quand bien même ce serait le cas, autant en tirer le meilleur parti. Pour cela, rien de tel que de prendre un peu de hauteur et d’assigner à l’exercice un objectif personnel. Quel est, pour vous, le but de l’opération ? Convaincre ? Nouer de bonnes relations avec l’auditoire ? Lever des craintes ? Valoriser le travail d’une équipe ? Motiver les troupes ? Emporter une décision ? Ou encore (c’est le moment ou jamais) vous distinguer ?
La question n’a rien de théorique. Au contraire, elle doit guider votre préparation sur le fond et sur la forme. Si votre objectif, par exemple, est de motiver une équipe sur un nouveau système déjà mis en place ailleurs, le témoignage de pairs aura plus d’impact que votre seule parole de chef de projet. Si vous souhaitez avant tout créer de bonnes relations au sein d’une équipe projet en démarrage, la qualité des échanges et la convivialité devront primer sur la quantité d’informations transmises. Enfin, si votre objectif numéro 1 est de rapprocher le siège du « terrain », évitez de parler comme un énarque.
Non seulement un objectif clair vous aide à définir vos priorités, mais il vous épargne des frustrations. J’ai rencontré en formation une jeune ingénieure qui, après avoir présenté les projets d’aménagement en réunion publique, se sentait toujours en échec. Et pour cause ! Son but était de convaincre tous les habitants en deux heures que l’installation d’une déchetterie dans leur commune était une bonne nouvelle : mission impossible. Elle a finalement pris conscience que, face à des opposants dogmatiques et virulents, l’objectif devait être, plus modestement, de les canaliser et d’éviter qu’ils ne monopolisent la parole – pour permettre d’autres échanges plus constructifs. Ce changement de regard lui a permis d’être plus détendue et plus motivée.
Enfin, un objectif clair vous donnera des ailes pour préparer votre intervention, et pour vous exprimer le jour J. Si vos vingt minutes sur l’estrade vous épargnent des heures de réunion laborieuse, votre investissement est amorti. L’épreuve prend alors un sens et n’en est plus tout à fait une.